‘Makanai’, la mini-série Netflix de Kore-eda vous plonge dans le monde des apprentis geisha

Saviez-vous que certaines jeunes filles au Japon aspirent encore aujourd’hui à devenir geisha ? Alors qu’elles étaient comptées par milliers au cours du XVIIIe et XIXe siècle, de nos jours, il n’en existe plus que 200 environ, situées essentiellement à Kyôto. Loin d’être des prostituées comme on peut se l’imaginer en Occident, elles sont des artistes, des dames de compagnie qui consacrent leur vie aux arts traditionnels nippons. Plus communément appelé geiko, ces artistes doivent suivre un long apprentissage. Pendant cette période cruciale, les futures geiko disposent du titre de maiko.

Le cinéma nous a souvent offert une vision dramatique sur le sort de ces femmes. On pense à ‘Mémoires d’une geisha’ en 2005, le film est également disponible sur Netflix. Dans le long-métrage de Rob Marshall, on suit le parcours d’une petite fille pauvre vendue à une maison de geisha comme servante. En grandissant, elle doit se plier avec docilité et persévérance à l’initiation stricte qui fera d’elle une vraie geisha. L’environnement dans lequel elle évolue n’est pas des plus simples. Entre pensées malveillantes de certains clients et la rivalité entre les geishas, elle devra se frayer un chemin.

Loin de la jalousie malsaine et des fourberies de ce cercle féminin, Kore-eda aborde ce même milieu avec fraîcheur et finesse dans un contexte moderne. ‘Makanai’ est une mini-série en 9 épisodes sur Netflix. Elle est l’adaptation en live action du manga ‘La maison des maiko’ d’Aiko Koyama. La version papier est sortie en 2016 et a connu un franc succès, se vendant à plus de 2,7 millions d’exemplaires. La série, comme la bande dessinée, suit l’histoire de deux adolescentes qui quittent leur village natale pour l’ancienne capitale du Japon, Kyôto, le coeur battant de la culture et des traditions nippones. Elles n’ont qu’un objectif en tête : devenir maiko. Mais qu’est-ce qui pousse ces deux jeunes filles à suivre cette voie de nos jours ? Elles devront s’adonner à un apprentissage rigoureux, aux horaires stricts et faire attention constamment à leur image pour faire perdurer la tradition.

Sumire (Natsuki Deguchi) semble bien placer pour devenir une maiko. Elle est énergique, apprend vite, fait preuve de délicatesse et s’épanouit dans le chant, la musique et la danse. Son amie, Kiyo (Nana Mori) a beaucoup plus de mal à s’adapter. Bien qu’elle soit aussi motivée que sa partenaire, elle n’a pas les compétences requises pour faire carrière dans ce domaine. Elle doit alors trouver sa place dans la yakata (la maison où vivent les maiko). Elle se rend utile en cuisinant de bon plats pour soutenir les troupes. Elle a un véritable don gastronomique et devient irremplaçable pour toutes les artistes de la maison.

Comme la mangaka, Hirokazu Kore-eda nous plonge dans le quotidien de ces jeunes talents et s’intéresse à leurs motivations pour exercer cette profession de nos jours. À la manière d’un documentaire, le prestigieux réalisateur nous transporte dans cet univers qui nous donne l’impression d’être dans une autre réalité. En plus du sujet abordé, le cinéaste japonais apporte sa touche sociale au drama. Connu pour dévoiler les aspects sombres de la société nipponne, comme dans ‘Une affaire de famille’ (pour lequel il a décroché le Palme d’or en 2018), il montre ici les bons côtés de l’histoire du pays du soleil levant en faisant preuve de justesse, de poésie et de nostalgie. Une véritable bouffée d’air frais et une évasion hors du temps.

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