Les Étoiles filantes : Pollentier et la poire de la discorde

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Michel Pollentier est un nom inextricablement lié au cyclisme belge, non seulement en raison de ses succès, mais aussi et surtout pour un incident resté célèbre sur le Tour de France 1978. Dans les rôles principaux de ce fâcheux épisode, Pollentier lui-même, un maillot jaune et... une poire en caoutchouc.

De Pickx

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Peu de gens croyaient réellement en Michel Pollentier à ses débuts en 1973. Briek Schotte, le légendaire manager de l'équipe Flandria, ne semblait pas lui déceler un grand potentiel lors de la signature de son contrat. "Nous venons de signer un mec bizarre", aurait dit Schotte au soigneur Jeff d'Hont. "Briek ne voulait pas de moi, il avait assez de coureurs", expliquait le principal intéressé dans un épisode de Belga Sport en 2013.

Il faut dire que Pollentier s'est révélé sur le tard. Il n'a été recruté par la Flandria qu'à l'âge de 22 ans, âge auquel il venait seulement de se révéler chez les jeunes. Le natif de Dixmude n’a en outre bénéficié d'aucun soutien de la part de sa famille, qui le voyait plutôt devenir garagiste. Mais le jeune Michel a choisi de faire de sa passion son métier en embrassant une carrière de cycliste. Dans l'équipe cycliste de Schotte, il s'épanouit, notamment grâce à son amitié avec Freddy Maertens.

Inséparables

À l’époque, Freddy et Michel sont en effet comme larrons en foire. "Nous sommes devenus inséparables. Je faisais le boulot pendant la course, et Freddy faisait le sprint. Nous formions un duo parfait", se souvient Pollentier. Le cycliste de Dixmude restait le plus souvent dans l’ombre, peut-être en partie en raison des commentaires peu flatteurs qui circulaient sur son physique et son allure sur le vélo.

"Il est belge, petit, chauve, chausse du 46 et pédale de travers", disait à son sujet le célèbre directeur sportif français Jean de Gribaldy. Son compatriote Bernard Hinault le surnommait "Pollentier le Polio", d’autres “Cuisses de mouche”.

Un succès éphémère

Cela n’empêchera pas le Belge de signer quelques beaux résultats. En 1974, il termine septième du Tour de France et devance Eddy Merckx dans le contre-la-montre final. Pollentier se montre de plus en plus au cours des années suivantes et devient un coureur capable de briller sur tous les terrains ou presque. En 1977, son bon ami Freddy ne participe pas au Tour d'Italie, ce qui lui laisse l’opportunité de courir pour lui. En remportant l’épreuve devant le chouchou du public Francesco Moser, le Belge prend une nouvelle dimension.

Sur le Tour de France quelques mois plus tard, il est proche de signer son plus grand exploit. En l'absence d’Eddy Merckx, au crépuscule de sa carrière, Pollentier est l’un des candidats à la victoire finale. Lors de l'avant-dernière étape qui arrive à l'Alpe d'Huez, Pollentier, vêtu du maillot à pois, réussit à prendre un peu d'avance sur son grand rival Bernard Hinault. Le Belge continue à maintenir son écart sur ses poursuivants dans l’ascension et fait coup double en s’emparant de l’étape et du maillot jaune. La victoire finale dans le Tour se profile à l'horizon.

La chute

Mais son moment de gloire sera de courte durée. Immédiatement après la course, Pollentier est soumis à un contrôle antidopage. Dans l’exiguë salle de contrôle, Pollentier se comporte un peu étrangement, ce qui éveille le soupçon du médecin Alain Calvez. Ce dernier exige que Pollentier remplisse un flacon d’urine sous son étroite surveillance. Alors que le coureur n’a toujours pas accompli son devoir après une heure, le médecin découvre la supercherie. Pollentier avait placé une poire remplie d'urine propre sous son aisselle lui permettant de faire couler le contenu par un tube dans la manche du maillot. La réaction ne se fait pas attendre : la direction l'expulse immédiatement de la course

Après cet incident, qui lui vaudra également une suspension de deux mois, Pollentier n'atteindra plus jamais son ancien niveau. Un an plus tard, il ne termine qu'à la 54e place de l'étape de l'Alpe d'Huez, à 13 minutes et 34 secondes du vainqueur Joaquim Agostinho. Il montera encore à deux reprises sur le podium du Tour d’Espagne avant de mettre un terme à sa carrière au début des années 80. Il deviendra ensuite directeur sportif d’une petite équipe et travaillera jusqu’à sa retraite dans une centrale de pneus à Nieuport.

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