One day, one goal: l'auto-but qui a coûté la vie à Andrés Escobar

Sports | Certains buts continuent à faire parler d'eux des années durant, en raison de leur beauté, de leur improbabilité ou de leur timing parfait. Plus rarement, les buts peuvent aussi coûter la vie à leur auteur, comme ce fut le cas pour Andrés Escobar en 1994.

De Pickx

Publié le 27.04.20

2min

À l'approche de la Coupe du monde de 1994 aux États-Unis, la légende du football Pélé voit bien la Colombie aller au bout. Un pronostic pas si fou, alors que le pays sud-américain envoie aux États-Unis une très belle équipe, composée notamment du capitaine Andrés Escobar, Freddy Rincon, ou encore Carlos Valderrama. Une équipe qui a également assommé l'Argentine (0-5) lors du dernier match de qualification.

Sous les ordres du sélectionneur Francisco Maturana, Los Cafeteros s'envolent vers les États-Unis dans le but de rendre un peu de fierté à leurs compatriotes, alors que leur pays est déchiré par la drogue et la corruption. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu...

Dès le premier match, les choses tournent mal pour les Colombiens. Contre une Roumanie roublarde, ils subissent une première défaite (1-3). L'équipe est alors assaillie de menaces de mort, des parieurs ayant misé beaucoup d'argent sur une bonne prestation de "leur" Colombie. L'entraîneur national Maturana se voit même contraint de laisser le vétéran Gabriel Gómez sur le banc au risque de mettre toute son équipe en danger...

Un but contre son camp fatal

C'est donc sous haute tension que les maillots jaunes se préparent à affronter les États-Unis, pays hôte. Malgré – ou grâce à – la pression qui pèse sur eux, les Colombiens entament le match pied au plancher, mais ne parviennent pas à ouvrir le score.

A la 35e minute, les Américains lancent une offensive sur le flanc gauche, d'où John Harkes envoie un centre à ras de sol en direction du second poteau. Escobar, 27 ans, capitaine et figure de proue de l'Atlético Nacional, tente de dégager la balle en taclant mais envoie maladroitement le cuir au fond de ses propres filets. Surpris par la trajectoire du ballon, le gardien colombien Oscar Cordoba est impuissant. Au sol, la tête entre les mains, le défenseur réalise que la tâche se complique grandement pour les siens.

La Colombie perdra finalement 2-1. Lors du dernier match de poule, les Colombiens écartent la Suisse (2-0) mais cela ne suffira pas à les qualifier pour le prochain tour. Ils sont éliminés et rentrent au pays les mains vides.

"La vie ne s'arrête pas ici"

Après l'élimination, Escobar ne mâche pas ses mots dans El Tiempo, l'un des plus grands journaux de son pays. "La vie ne s'arrête pas ici, il faut avancer. Aussi difficile que cela puisse être, nous devons nous relever. Nous nous reverrons bientôt, car la vie ne s'arrête pas ici".

Des mots qui le rattraperont par la suite. Contre l'avis de ses amis et coéquipiers, le défenseur, qui a signé un contrat avec l'AC Milan pour la saison prochaine, ne veut pas se cacher. Le 2 juillet 1994, il sort à Medellin. On ne saura jamais précisément ce qui s'est passé ce soir-là, mais le joueur est alors malmené par des clients sur le parking d'un bar. Le capitaine de l'équipe nationale monte ensuite dans sa voiture et revient à hauteur du groupe. Une arme est dégainée et El Caballero del Futbol reçoit douze balles dans le dos.

La thèse la plus répandue est que Juan et Pedro Gallon, membres notoires du gang qui a fait tomber Pablo Escobar, sont derrière le meurtre. Ils parviennent cependant à faire payer leur garde du corps Humberto Castro Muñoz pour les faits. Muñoz est d'abord condamné à 43 ans de prison, mais il est libéré après 11 ans pour bonne conduite.