Une fuite de pétrole par semaine en mer du Nord

Info | Le risque d'une marée noire en mer du Nord est bien réel

De Pickx

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Chaque semaine ou presque, une importante fuite de pétrole ou de gaz survient sur une plateforme en mer du Nord. Mais la plupart de ces incidents sont passés sous silence par les compagnies pétrolières, écrit le journal britannique The Guardian. La mer du Nord court ainsi un risque non négligeable de vivre une marée noire comparable à celle qui a touché le golfe du Mexique, en avril de l'année dernière.

Gros danger potentiel

Les ressources en gaz et en pétrole de l'Atlantique Nord commençant à s'épuiser, les compagnies pétrolières sont contraintes de forer dans des eaux toujours plus profondes et mettent ainsi en danger les pays européens qui bordent la mer du Nord. Ceux-ci courent donc le risque de vivre une marée noire comparable à celle survenue dans le golfe du Mexique. "C'est un miracle si une fuite de pétrole de l'ampleur de celle du golfe du Mexique ne s'est pas encore produite", explique le biologiste marin Carlo Von Bernem, un expert allemand des risques pétroliers.

Une catastrophe peut arriver chaque jour

Pour le biologiste Christian Bussau, qui travaille pour Greenpeace, une catastrophe pétrolière en mer du Nord peut survenir à peu près n'importe quel jour. "Les 15 accidents signalés en 2007 sur les plateformes en mer du Nord ont répandu 3 907 tonnes de pétrole dans la mer. À cause de la production quotidienne, 9 596 autres tonnes finissent en outre annuellement dans la mer. Et les différents produits chimiques qui polluent les eaux ont un impact très négatif sur la vie en mer du Nord."

Documents secrets

En 2009 et 2010, on a relevé plus d'une centaine de fuites importantes de gaz ou de pétrole en mer du Nord, dont certaines étaient potentiellement dangereuses pour les hommes, la faune marine et l'environnement, révèlent des documents de la Health and Safety Executive (HSE), repris par The Guardian. La grande majorité de ces incidents n'ont jamais été rendus publics.

Base de données

Depuis l'accident survenu sur la plateforme de forage Piper Alpha en 1988, au cours de laquelle 167 personnes ont perdu la vie, les autorités britanniques ont créé une base de données qui répertorie les incidents signalés par les compagnies. Les documents dont disposent les journalistes du Guardian mentionnent plus de 100 incidents considérés comme "sérieux" ou "significatifs" pour les deux dernières années. Il s'agit d'incidents qui auraient pu causer d'importantes pertes humaines si la nappe s'était enflammée.

En tête du classement

D'après The Guardian, Shell et Total sont les compagnies qui ont signalé le plus grand nombre d'incidents. La plateforme Brent Charlie, gérée par Shell et active depuis les années 70 le long des côtes de l'Écosse, arrive en tête de ce classement avec 7 fuites en 2 ans. Lors de l'incident le plus sérieux, en avril 2010, 4 tonnes de gaz se sont échappé. Les problèmes de sécurité récurrents sur cette plateforme de forage ont incité Shell à réduire sa production en janvier.

Installations vétustes

Les critiques se concentrent sur les installations les plus anciennes et qui sont en service depuis que l'on a découvert du pétrole en mer du Nord. Ce sont de loin les plus dangereuses. Les autres compagnies pétrolières "à problèmes" sont la société danoise  Maersk et la canadienne Talisman. Elles gèrent chacune une plateforme de forage où l'on a relevé 5 incidents. La compagnie anglaise BP est également concernée : sa plate-forme Mungo Etap a connu 4 incidents en 2 ans.

La partie visible de l'iceberg

D'après les plus pessimistes, ces documents ne sont que la partie visible d'un gigantesque iceberg. Ils affirment en effet que la plupart des incidents ne sont pas signalés afin de ne pas mettre la production en danger. "Jusqu'ici, nous avons eu beaucoup de chance que des incidents graves causant de nombreuses victimes aient pu être évités", affirme Jake Molloy du syndicat Offshore Industry Liaison Committee (OILC) au Guardian. "Nous sommes passé tout près d'une catastrophe à plusieurs reprises. Vraiment très près. Dans certains cas, c'est une vraie chance d'y avoir échappé. Car certains producteurs ne prennent pas de mesures sérieuses. Les prix élevés du pétrole leur font prendre toujours plus de risques."

La sécurité, une priorité ?

L'industrie pétrolière affirme travailler d'arrache pied pour améliorer la sécurité et se fixe pour objectif de réduire le nombre de fuites de moitié en 3 ans. Mais d'après The Guardian, prétendre que la sécurité est la priorité des compagnies sur les plateformes est, au regard des chiffres, pour le moins douteux.

Mauvais moment

La publication de ces documents tombe à un mauvais moment pour le gouvernement britannique, qui soutient les projets des compagnies pétrolières visant à créer de nouveaux forages en Alaska et dans les régions polaires. Le ministre de l'Énergie Charles Hendry déclarait récemment que ces projets étaient "tout à fait légitimes" tant qu'ils respectent les "strictes" règles de sécurité. Shell a d'ores et déjà annoncé qu'en cas d'exploitation dans ces nouvelles zones, il appliquerait des normes de sécurité encore plus sévères que celles en vigueur actuellement.

Naufrages

D'après Dieter Schmidt, directeur de la protection des côtes allemandes, la prochaine marée noire en Mer du Nord sera plus probablement causée par le naufrage d'un navire que par un accident sur une plateforme de forage. L'organisme que dirige Schmidt a été créé en 2003 suite au naufrage du Pallas, un navire qui a coulé en mer du Nord en 1998, répandant ainsi 90 tonnes de brut dans la mer et entraînant la mort de dizaines de milliers d'oiseaux.

Une mort lente pour l'environnement

D'autres experts prétendent que la mer du Nord est déjà victime d'une lente catastrophe environnementale. "Chaque année, 20 000 tonnes de pétrole finissent dans la mer", affirme Christian Bussau, expert en pollution marine auprès de Greenpeace. "Environ 10 000 tonnes sont rejetées illégalement par les navires, les autres 10 000 tonnes provenant des activités normales des plateformes. Ces rejets et autres formes de pollution font de la mer du Nord une des zones marines les plus polluées du monde."

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