Rosa Marchant, la révélation de ‘Débâcle’ : "Jouer est une façon d'être moi-même"

Cinéma | Rosa Marchant est la découverte du film ‘Débâcle’, le premier long métrage de Veerle Baetens. La jeune actrice a été récompensée au célèbre Sundance Film Festival et est maintenant nommée pour un Ensor. Alors que ‘Débâcle’ sera disponible dans le catalogue VOD de Proximus à partir du 9 février, nous nous sommes entretenus avec la jeune actrice.

De Pickx

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Rosa Marchant a aujourd'hui 18 ans, mais elle en avait 16 lorsqu'elle s'est retrouvée sur le plateau de tournage de ‘Débâcle’, sa première véritable expérience d'actrice. Elle y incarne la version jeune d'Eva, une jeune femme qui revient dans son village natal des années après un été caniculaire qui l’a marquée pour le reste de sa vie. Son interprétation a été acclamée au niveau international, puisqu’elle a remporté le prix spécial du jury pour la meilleure interprétation au festival du film de Sundance aux États-Unis, mais aussi au niveau national comme en témoigne sa récente nomination aux Ensor, comme Charlotte De Bruyne qui campe la version plus âgée de son personnage.

Nous rencontrons Rosa alors qu’elle vient de terminer son dernier examen du quadrimestre en première année de cinéma et de réalisation à l’Académie royale des beaux-arts de Gand (KASK). Une expérience étrange pour elle, qui n’avait jamais connu de période d'examen auparavant pour avoir fréquenté une école Steiner. “Le programme est très intense. Je suis constamment occupée. Le début de l'année a été fou parce que j'ai commencé ma formation au même moment que sortait ‘Débâcle’, confie-t-elle.

Vous avez toujours voulu suivre cette formation ou avez-vous été inspirée par le tournage de ‘Débâcle’ ?

Rosa Marchant : “J'ai toujours été intéressée, mais cette expérience m'a également inspirée. Cela m'a montré que je pouvais faire quelque chose par moi-même si je le voulais. Tout ce qui se passait sur le plateau m'intéressait. J'ai adoré m'asseoir à côté de la scripte et voir comment elle s'y prenait, lui demander ce qui allait se passer ensuite, comment s'appelait ceci ou cela... J'ai trouvé super amusant de faire un peu partie de l'équipe.”

C'était votre première véritable expérience en tant qu'actrice, mais vous avez également joué dans le court métrage de 2021 ‘Come, Sweet Death’. Comment cela s’est-il fait ?

Rosa : “Je l'ai fait pendant le processus d'audition pour ‘Débâcle’. Jolke (Van Aerde, la réalisatrice du court métrage, ndlr) étudiait à l'époque à la KASK, et je connaissais donc déjà un peu cette formation. Mais ce que j'ai fait pour son film, je ne l'appellerais pas vraiment de la comédie. Je devais souvent faire la morte ou danser. C'était quand même très amusant et une bonne introduction à ce monde. Jolke est toujours une source d'inspiration pour moi. Aujourd'hui, je dois faire les mêmes choses qu'elle à l’époque, et parfois je me dis qu'elle s'en sortait très bien.”

Il paraît que vous avez commencé à dévorer des films lorsque vous étiez plus jeune et que vous restiez à la maison en raison de soucis médicaux ?

Rosa : “C'est exact. J'ai vécu dans une sorte d'isolement pendant assez longtemps et j'étais souvent seule avec moi-même, alors j'ai dû trouver des choses qui m'intéressaient. D'une certaine manière, j'en suis heureuse, car cela m'a permis de découvrir que j'aimais lire et regarder des films. Cela m'a encouragé à auditionner pour ‘Débâcle’.”

Quels sont les films que vous avez découverts à l'époque et qui vous ont aidée ?

Rosa : “Hmm, c’est difficile (elle réfléchit longuement). L'un des films que j'ai vus à l'âge de 14 ans et qui est resté gravé dans ma mémoire est ‘Little Miss Sunshine’. Ce film m'a inspirée en raison du courage du personnage principal. Il m'a vraiment plu.”

Comme Eva, ce personnage est un outsider. Vous avez mentionné dans des interviews précédentes que vous vous sentiez parfois comme une paria. Cela a-t-il changé depuis que vous êtes sous les feux de la rampe avec ce rôle ?

Rosa : “En tout cas, faire le film m'a aidée à me sentir plus sûre de moi. Oui, cela a changé ma vie, dans le bon sens du terme. Je suis toujours la même personne, mais c'est un peu comme Veerle (Baetens, ndlr) l'a dit pendant le tournage : elle ne m'a vraiment vu que lorsque j'ai commencé à jouer. Avant cela, j'étais toujours dans l'ombre. Jouer m'a permis d'être moi-même et m'a beaucoup aidé”.

Un bon pressentiment


Il s'est écoulé un peu moins de deux ans entre le tournage du film et sa première en Belgique. Comment avez-vous vécu cette période ?

Rosa : “J'ai surtout attendu. Plus le temps passait, plus je cherchais des réactions et plus l'idée que le film serait réellement regardé par des gens devenait folle. Parce que c'était quelque chose de personnel, sur lequel nous avions travaillé dur et longtemps. Nous nous sommes revus à de nombreuses reprises. Sundance a été une excellente avant-première. Là, j'ai été immédiatement jetée dans le grand bain. C'était la première fois que je devais parler du film, en plus en anglais !”

Qu'est-ce que cela vous a fait de vous voir pour la première fois sur grand écran ? Vous êtes-vous reconnue ?

Rosa : “Oui, et cela a été renforcé par le fait que Charlotte imitait mes manières. Cela m'a fait prendre conscience de certains de mes traits de caractère que j'ai. Lors de la première en Belgique, je l'ai déjà regardé différemment. Plus je regardais, plus je voyais un personnage et moins je me voyais moi-même. Cela m’a permis de regarder plus objectivement, ce qui est également agréable. Au début, j'aimais aussi regarder comment les autres jouaient, parce que c'est difficile à évaluer quand on joue soi-même.

Il doit être difficile de prévoir comment le public va réagir pendant le tournage. Quel était votre sentiment à ce sujet-là ?

Rosa : “J'ai toujours eu un très bon pressentiment à propos du film. J'étais très jeune quand j'ai commencé le tournage, mais j'ai senti que c'était quelque chose que je devais faire. Je ne peux pas l'expliquer. Le rôle m'a semblé très spécial. J'ai également aimé travailler sur ce film. Je ne pensais pas vraiment au résultat final à ce moment-là, mais plutôt à la quantité de travail nécessaire à chaque étape. C’était impressionnant. Cela m'a également rassuré sur le fait que Veerle savait toujours ce qu'elle faisait. Lorsque nous sommes allés à Sundance, c'était la première fois qu'un public voyait le film, en dehors de notre famille. Cette autre culture, cette autre langue, c'était un peu effrayant. La première fois, je me suis assise à côté de Veerle, qui était stressée. Ce n'était pas une bonne idée ! (rires)”

Vous dites que Veerle a toujours su ce qu'elle faisait, mais dans une interview accordée à Metro, elle a elle-même déclaré qu'elle doutait parfois de ses propres capacités en tant que réalisatrice. Je suppose qu’elle ne laissait rien transparaître sur le plateau ?

Rosa : “Je n'ai rien remarqué du tout. Elle savait vraiment ce qu'elle voulait. Parce qu'elle sait ce que c'est que d'être sur un plateau et d'être observée par tout le monde, elle était aussi une très bonne réalisatrice. Non pas que tous les bons acteurs soient automatiquement de bons metteurs en scène, mais elle en était vraiment capable. Elle était en quelque sorte notre mère à tous tout au long du processus. Elle prenait bien soin de nous. Lorsque je n'osais pas dire quelque chose à voix haute devant toute l'équipe, elle pouvait voir dans mon regard que quelque chose n'allait pas. Je me suis toujours sentie en sécurité avec elle. Nous avions aussi besoin de cela pour les scènes les plus difficiles.”

J'ai lu que la scène la plus difficile du film avait été délibérément programmée à la fin du tournage. Était-ce important pour vous ?

Rosa : “Je pense que oui. De cette façon, j'étais déjà tellement amie avec les garçons que je pouvais leur faire confiance. Nous savions ce que la scène impliquait parce que nous l'avions déjà répétée. Nous avions toujours à l'esprit qu'elle allait arriver, ainsi, nous pouvions nous y préparer. Nous en avons aussi beaucoup parlé. La chose la plus importante était que je puisse faire confiance aux garçons, et ce fut vraiment le cas.”

Le prix obtenu à Sundance a été suivi d'une nomination aux Ensors. Accordez-vous de l'importance aux récompenses ?

Rosa : “Je pense que c'est un grand compliment que d'être nommée aux côtés de Charlotte, Annelore (Crollet pour 'Wil', ndlr), Cathalina (Geeraerts, pour 'Holly', ndlr)... J'en suis très heureuse, mais je n'en attends rien. Ce serait bien, cependant, si une Eva pouvait gagner ! (rires)

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