Glauque : 'Il y a quand même un truc avec la tristesse'

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Glauque, c’est le groupe à suivre de cette rentrée : quatre Namurois qui malaxent les maux de notre monde d’après en les plongeant dans un bain bien mordant de beats hypnotiques et de lyrics inquiets. 'Les gens passent, le temps reste', c’est le titre de leur premier album : 12 tracks d’une force et d’une profondeur qui ne faiblissent pas, et qui sondent nos petites certitudes. Attention à la claque.

De MF

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Entre votre premier EP ('Glauque') sorti au tout début du premier confinement et ce premier album, trois ans se sont écoulés. Tu peux nous raconter sa genèse ?

Louis Lemage (chant, textes) : 'En fait, tout l’album est né exclusivement pendant le Covid… On avait rien d’autre à faire que de composer à ce moment-là ! Donc tous les jours, on faisait de la musique… Mais même s’il n’y avait pas eu le Covid, l’album n’aurait pas été si différent. Parce que c’est dans nos tempéraments de base de travailler tous dans notre coin… En fait, cette situation nous a surtout permis de prendre le temps, de tester des trucs, d’essayer des versions plus électro ou au contraire plus intimistes… Mais ce n’est pas un album "Covid" : on n’en parle pas dans les morceaux, on n'en avait juste pas envie ! De toute façon, les albums qui sont trop liés à un moment précis, globalement ça m’ennuie : ça n’a aucune durée dans le temps.'

À quoi renvoie le titre de l’album ?

'Dès le début du groupe, dès 2018-2019, on voulait faire un album sur le deuil. Qui parle du deuil au sens large. Parce que c’est une thématique qui permet d’explorer plein de sentiments, que ce soit au niveau de la musique ou des textes… C’est le deuil au sens large : il y a mille formes de deuils dans la vie de tous les jours… Par exemple, quand tu penses à un truc qui te manque, à une époque de ta vie qui est révolue : c’est aussi une forme de deuil. Mais c’est pas un album sur la mort. En fait, je le vois comme un album d’automne, c’est pour ça qu’on le sort maintenant !'

Tes textes occupent une place centrale. Jusqu’à la pochette (toute blanche, avec un trou au milieu qui laisse apparaître du texte manuscrit)… Quel est ton rapport à l’écriture ?

'Même avant "Glauque", j’écrivais tout ce qui me passait par la tête, tout le temps… Et puis à un moment donné, j’ai voulu que ça sonne bien. C’est comme ça que tout a commencé : même pas d’abord par une recherche de fond, mais par une recherche de forme. J’écoutais beaucoup de rap quand j’étais ado, et j’essayais de faire des rimes, de faire des rimes pour la rime… Puis après, t’essaies de faire en sorte que les textes et la musique coexistent vraiment, et c’est ça le plus dur. C’est beaucoup de technique, de placement, de compromis.'

Dans 'Plan large' (le premier single), tu répètes 'Quand je me sens trop mal, mes couplets sont trop bien', et c’est sûr que tes paroles s’avèrent plutôt… mélancoliques.

'Je pense que la négativité, c’est juste plus facile d’accès. Parce qu’elle est plus parlante, même quand elle est mal formulée… Il y a quand même un truc avec la tristesse, c’est que c’est un sentiment assez comparable d’une personne à l’autre… Alors que le bonheur, c’est tellement relatif pour chacun : tu demandes à 1 000 personnes d’expliquer ce qu’elles ressentent quand elles sont heureuses, elles vont te répondre des trucs totalement différents… Alors que si tu leur demandes pourquoi elles sont tristes, tu auras des réponses qui se ressemblent. Du coup, arriver à être universel en écrivant quelque chose de joyeux sans tomber dans la niaiserie, c’est chaud, il faut savoir le faire !' (rires)

L’album débute sur ces mots : 'Je suis pas un artiste, j’aime pas l’appellation'… Tu souffres parfois du syndrome de l’imposteur ?

'On est tous des escrocs ! C’est de la triche… Depuis le début ! (il se marre) En fait, c’est simple : combien de textes que tu trouves jolis en musique, une fois que tu les lis, c’est nul ? Si tu lis les paroles avant d’entendre les morceaux, souvent ça sonne mal… Et c’est pour ça que je dis que les gens qui écrivent des paroles sont un peu des tricheurs : c’est tellement codifié. C’est à ça que renvoie cette première phrase, et aussi à la question de la hiérarchie des arts : quand tu fais de la musique, du théâtre, du cinéma, tout de suite, on te considère comme un artiste. Ce n'est pas vrai. C’est tellement présomptueux de dire "Je suis un artiste"… Et quand bien même ce serait le cas, ce n’est pas à toi de le déterminer : c’est à la personne en face de toi de le décider, ou non.'

glauque.be

@glauque.band

Glauque sera en concert le 1er décembre au Botanique. Dépêchez-vous pour réserver vos places !

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