Si Iggy Pop rayonne encore au Rock Werchter, c’est grâce à ces cinq artistes qui lui ont changé la vie

Iggy pop est une des légendes du festival. Il avait déjà foulé la scène du Rock Werchter en 1987 et 1991, à l’époque des tubes ‘Candy’ et ‘Real wild Child’, puis il était revenu en 2016. Pour cette nouvelle édition, il lancera les festivités ce 29 juin sur la scène The Barn dès 22:15. Même s’il continue à faire de la scène en solo, loin de son groupe punk des années 1960, il reste le chanteur le plus déjanté de la scène rock. Il est le fier interprète de chefs-d’oeuvre intemporels tels que ‘I Wanna be your dog’, ‘Lust for Life’ ou ‘The passenger’. Il compte à son actif en solo 24 albums, dont le dernier ‘Every Loser’ en 2023. Il prouve une nouvelle fois qu’il est toujours dans le coup. Souvent désigné comme le parrain du punk, il est l’un des rares artistes à avoir été épargné par la vague punk de la fin des années 1970. En tant que précurseur du protopunk, Iggy pop s’est laissé influencer par cinq artistes qui ont joué un rôle important dans sa musique.

Si aujourd’hui, Iggy pop est toujours considéré comme une bête de scène, c’est grâce à ses acrobaties, torse nu, les jurons qu’il profère et parfois les automutilations qu’il se fait. Sur scène, il se lâche complètement. Il n’est pourtant pas le premier à se vanter de son jeu sauvage sur scène. À l’époque où les Rolling Stones faisaient la Une des journaux, les Stooges étaient encore inconnus au bataillon.

En 1967, un nouveau phénomène de scène voyait le jour. Jim Morrison, leader de The Doors eut un énorme impact sur Iggy Pop. Il est même considéré comme son fils spirituel. La légende des Doors s’était formée lors des concerts. L’extravagance du groupe ensorcelait le public. Timide maladif dans la vie, sur scène, Morrison était comme possédé, il sautait dans tous les sens, avait des mouvements très suggestifs et provocateurs ou il faisait des pas de danses chamaniques. La scène était son exutoire. Il tenait son micro de manière sensuelle sans le lâcher. Lors d'une interview avec Rolling Stone, Iggy Pop s'était souvenu : "C'était la façon de se tenir au micro - la position et la prise. Il s'accrochait au pied. Personne d'autre ne faisait ça. L'autre chose, c'est qu'il pouvait faire n'importe quoi (...)"

Même si les Stooges devenaient sur scène de plus en plus grands, ils ne vendaient pas énormément d’albums. Les interactions avec le public étaient poussés à l’extrême. Selon certains, l’Iguane serait à l’origine du stage diving, le fait de plonger dans le public à partir de la scène. Il pouvait aussi se retrouver dans le public pour se battre contre quelqu’un ou tout simplement avoir une discussion. Le rock and roll c’était avant tout se libérer des conventions sociales. Iggy Pop a adapté à tel point l’attitude de Morrison sur scène, qu’à la mort de ce dernier, les Doors sont venus sonner à sa porte pour qu’il puisse remplacer leur leader. Chose qu’il n’a jamais accepté de faire.

Tous les grands chanteurs de rock ont pris pour modèle Mick Jagger à un moment ou à un autre de leur carrière. Il était le leader par excellence, une rock star. Pour Iggy Pop, c’était essentiellement le look de Jagger qui l’attirait et sa façon de bouger. La première fois qu’il le vit interpréter des chansons comme ‘Satisfaction’, c’était son attitude sur scène qui le fascinait. Il avait expliqué à Rolling Stone : "Pour Mick Jagger, c'est le fait qu'il se déplace pendant qu'il interprète la chanson. De même, sa voix était irritante. Quand il chantait, c'était tout le contraire d’agréable". Il retient une grande leçon du leader des Rolling Stones. La voix d’une rock star est comme un instrument, elle perturbe les aspects agréables de la société.

Les Stooges n’ont jamais fait dans le funk. Ils produisaient plutôt une musique chaotique, mais Iggy Pop savait très bien ce qu’il faisait de ce chaos. Il s’est inspiré d’autres artistes qui ne correspondent pas à sa case musicale, à vrai dire il ne rentre dans aucune case. Lorsqu’il évoque les plus grands artistes qu’il a connus, il cite souvent James Brown, en tête de liste. "James Brown est certainement la personne la plus étonnante qui ait jamais vécu. Je peux mourir en paix en sachant que je l’ai vu et connu de près".

Il compte ‘Star Time’ parmi ses albums préférés, même s’il n’est pas un grand fan de funk. Il sentait à quel point le groupe de James Brown était soudé sur des titres comme ‘Please, please, please’.  À travers certains morceaux d’Iggy Pop, comme ‘Shake Appeal’, on ressent qu’il y a des braillements à la James Brown.

Cela paraît presque comme une évidence. Le King a influencé énormément l’expérience scénique du rock. Si Chuck Berry était le premier auteur-compositeur du rock, Elvis Presley a été le premier show-man du rock. Beaucoup se sont inspirés de son déhanché légendaire. Au moment où Elvis innovait les années 1950, le petit James Newell Osterberg était fasciné par les mouvements d’Elvis Presley. Il s’entraînait déjà, à l’époque, à reproduire les mouvements scandaleux du King. Ce qu’il a gardé avec les Stooges, quelques années plus tard, c’est le jeu de jambes et l’humour pince-sans-rire d’Elvis.

Si musicalement les deux hommes sont complètement opposés, leurs carrières se sont pourtant très fortement liées. Dans les années 1970, ces deux planètes se croisent. Le Caméléon est fasciné par l’Iguane. Le fait qu’il se met quasi en transe pour chacun de ses lives et qu’il marche comme un prophète sur son public l’intrigue. Ils se rencontrent dans un bar et s’échangent leurs idées farfelues. Bowie adhère totalement à la musique nihiliste et brutale des Stooges. À tel point, qu’il propose ses services au mixage de leur troisième album, intitulé ‘Raw Power’, en 1973. Ce disque, même s’il n’a pas eu le succès qu’il méritait à son lancement, est considéré pour beaucoup comme la pierre angulaire du punk rock.

Ils deviennent des sortes de frères du rock. Iggy sombrait dans la drogue. Il commençait à perdre tout ce qu'il avait pour une dose. Les Stooges se séparent en 1974. Bowie est venu à lui comme un sauveur. Il l’a remis en selle en organisant et en lui proposant de l’accompagner pour sa tournée européenne. Il décroche un nouveau contrat avec un label. Son bienfaiteur supervise ses deux premiers albums solo : ‘The Idiot’ et ‘Lust for life’. À la disparition de Bowie en 2016, Iggy Pop avait mentionné qu’il était différent de toutes les autres relations créatives qu'il avait eues : "Ce type m'a sauvé d'un certain anéantissement professionnel et peut-être personnel - c'est aussi simple que cela", a-t-il expliqué. "Beaucoup de gens étaient curieux à mon sujet, mais lui seul était celui qui avait suffisamment de points communs avec moi, qui aimait vraiment ce que je faisais et qui pouvait s'y rallier, et qui avait aussi des intentions assez décentes pour m’aider".