Mise en scène : Un jour sans fin

Jour 150. Phil se réveille et constate – aux bruits qu’il entend une nouvelle fois autour de lui – que la même journée recommence encore. L’hôtel dans lequel il est installé n’a plus aucun secret pour lui. Pas plus que les habitants de Punxsutawney, la ville où il est prisonnier depuis de loooooongs mois. Chaque jour à 9 h, il se rend aux toilettes et y reste exactement 16 secondes 38. Ensuite, avec un large sourire satisfait, il dit : « Voilà, ça c’est fait ! ». Comme tous les jours, Mary, la femme du vieux boulanger, distribue des pâtisseries gratuites aux enfants de Joe et Tiany. Ils n’ont pas beaucoup d’argent et préfèrent jouer leurs maigres cents plutôt que d’acheter à manger.

Il connaît des détails sur la vie de chacun des 2 312 habitants. Phil est une présence omnisciente, un dieu aux vêtements débraillés. Mais c’est aussi un homme qui ne sait plus à quel saint se vouer. Il veut à tout prix trouver le moyen de sortir de cette boucle temporelle. Après le petit déjeuner – toujours du porridge avec des œufs brouillés, car le reste est immangeable – il se prépare à réaliser le reportage qu’il a déjà fait 150 fois. Les mêmes « Bonjour Rita, Bonjour Larry »… « Chers téléspectateurs, c’est aujourd’hui le jour de la marmotte, bla bla bla… ». Phil plie le sujet en deux temps, trois mouvements, au grand dam de Rita et Larry qui dénoncent « son manque criant de professionnalisme » et sont fatigués de sa mine grincheuse.

Alors que Phil est sur le point de démarrer sa routine quotidienne – aujourd’hui, il envisage de mettre le feu à l’usine locale de guimauve, ce qui semble une manière festive de passer la journée – il aperçoit du coin de l’œil une chose qu’il n’avait encore jamais remarquée. Un homme semble lui faire un signe. Il tient un drapeau sur lequel est écrit « Je suis perdu ». « Qui est-il ? Et que vient-il faire dans mon village ?! », se demande-t-il à voix haute. Comment se fait-il qu’un évènement nouveau se déroule alors que rien de change depuis 150 jours ? Il décide de s’approcher.

Plus il avance, plus les traits de cet inconnu lui semblent familiers. L’individu semble aussi le reconnaître. Tout à coup, il reçoit le choc de sa vie. Cet homme lui ressemble en effet comme deux gouttes d’eau. Complètement estomaqué, Phil tente de dire quelque chose, mais l’inconnu le devance.

« Salut Phil. Je suis Phil. J’imagine ta surprise, mais je te cherche depuis 150 jours. Je suis coincé dans une boucle temporelle et tu es le seul à pouvoir m’aider. »

Notre Phil lui répond qu’il n’a aucune idée de comment s’y prendre, puisqu’il est lui-même coincé et espère de tout cœur rentrer chez lui. L’autre Phil le coupe : « Comme je suis là depuis plus longtemps que toi, j’ai le droit de sortir le premier. Je te propose de prendre ta place ». Notre Phil ne veut pas en entendre parler. Même s’il n’a aucune idée de la manière de briser le sort, il est hors de question d’échanger sa place. Il se dit que l’autre Phil sait peut-être comment faire, mais qu’il a besoin de son identité pour y parvenir. Mais l’autre Phil s’énerve, crie qu’il est coincé là depuis 10 ans et frappe violemment notre Phil sur la tête avec son drapeau. Il saigne, tombe par terre et perd connaissance.

Lorsqu’il reprend ses esprits, l’autre Phil est penché au-dessus de lui. Notre Phil s’assied et voit soudain de nombreux autres Phil déambuler autour de lui. Ils portent tous le même genre de vêtements. Légèrement froissés et démodés. L’un porte la barbe, un autre la moustache. Certains ont les cheveux longs, d’autres un mulet ou une coiffure à la brosse. Notre Phil est dans une totale confusion. L’un des Phil s’approche de lui (sans doute Phil-oche étant donné l’état de sa chemise).

« Ah, c’est toi le nouveau ? Bienvenue à Phil-adelphie », dit-il en riant.

« Comme tu le vois, tu n’es pas le premier Phil et tu ne seras sans doute pas le dernier. Chaque année, un nouveau Phil débarque, en racontant toujours la même histoire. La plupart d’entre nous se sont résignés à rester coincés ici pour toujours. Allez, ne fais pas cette tête. Finalement, on n’est pas si mal ici. Tu devrais aller voir John Malkovitch ! »

Vous voulez en savoir plus sur « Un jour sans fin » ? https://www.proximus.be/pickx/fr/2296557/cinq-anecdotes-que-vous-ignoriez-peut-etre-sur-le-film-un-jour-sans-fin-avec-bill-murray