‘Divan 52’’ allie sport et musique avec Philippe Saive et Michel Pruvot

Dans ce nouvel épisode de ‘Divan 52’, Maxime Demière reçoit deux personnalités, l’une de la musique et de la télévision et l’autre sportif et politique. Michel Pruvot a pu démocratiser son instrument pendant dix ans à travers une émission, intitulée ‘Sur un air d’accordéon’ de 1992 à 2002. À travers de nombreuses anecdotes et rencontres, il nous raconte comment ce musicien est devenu animateur télévisé. De l’autre côté du canapé, on découvre l’un des plus grands sportifs belges de sa génération, qui avec son frère Jean-Michel Saive ont donné une autre valeur au tennis de table. Tout au long de cette émission, nous allons en apprendre davantage sur leurs parcours et découvrir leurs points communs.

Depuis l’enfance, nos deux invités sont baignés via leur milieu familial dans ce qui fera leur carrière. Le premier grandit en admirant son père sur scène. Ce dernier est accordéoniste et il lui offre son premier instrument du haut de ses quatre ans. Avant même de savoir lire et écrire, il jouait de la musique de manière naturelle. Le second grandit dans un environnement de pongistes. Alors que ses parents s’éclipsaient tous les dimanches pour aller jouer, il débarrassait la table à manger et s’entrainait en cachette avec son frère. "Ma mère l’a découvert quand elle a enlevé la nappe, elle a vu qu’il y avait des coups sur la table et là on a été démasqué. Elle a voulu nous interdire d’aller jouer parce que à l’époque le tennis de table qui était encore trop souvent considéré comme le ping pong se jouait dans les arrières-salles de café et pas dans des halls omnisports." Mais rapidement les frères se démarquent, ils deviennent meilleurs que les autres joueurs et intègrent déjà l’Équipe nationale à 13 et 14 ans.

Alors que leur avenir semblait déjà tout tracé, cela n’a pas empêché les deux prodiges d’exceller dans d’autres domaines. Pour le musicien, ça a été le vélo. Quand il ne faisait pas de la musique et qu’il n’allait pas en cours, il montait sur sa bicyclette pour faire de grandes balades avec ses copains. Très vite, il se passionne et rêve de devenir coureur. Il prend des cours et s’inscrit dans des clubs. Il participe à ses premières courses et en gagne une soixantaine. Le musicien se classe même en première catégorie. Là, il sent qu’il doit prendre une décision : l’accordéon ou le vélo ? Michel Pruvot se met alors un ultimatum. Pour le championnat de France de Montpellier, il se dit : "si je suis champion de France j’arrête la musique. Si je perds, j’arrête le vélo". Il est alors devancé par Bernard Thévenet. Et comme promis, il fera une croix sur le cyclisme pour se consacrer à la musique.

De son côté, Philippe Saive, en plus du tennis de table, il joue au football, et excelle aussi dans son club. Quand son frère aîné prend la décision d’arrêter, il sent qu’il doit le suivre et abandonne son rêve de devenir le prochain Maradona. "Je pense ça aurait été impossible tant pour nous que pour nos parents de faire deux disciplines différentes. J’ai, en quelque sorte, suivi le mouvement sans vraiment choisir". Au début de sa carrière, il vit dans l’ombre de son frère, qui est à la fois son partenaire, son équipier, mais aussi son plus grand adversaire. En 1994, Jean-Michel Saive remporte la première place mondiale et ses exploits feront de lui le plus grand pongiste belge de tous les temps. Philippe n’a pourtant rien à se reprocher. Il est qualifié trois fois d’affilée pour les Jeux olympiques, il figure dans le top 100 pendant 20 ans et devient champion du monde des plus de 40 ans. Il vit mal le fait d’avoir été battu par son propre frère et pense même à changer de voie pour le tennis. "Le tennis et le tennis de table contrairement à ce que beaucoup pense, ce sont deux cousins", explique-t-il. Heureusement, il ne change pas de spécialisation et persévère. "Si j’abandonne quelque chose dans lequel je suis si bon pour espérer faire quelque chose dans un autre domaine, ça veut dire que j’abandonnerais toute ma vie dès qu’une difficulté arrivera", relativise-t-il.

Si les deux hommes se sont battus pour atteindre la notoriété qu’ils ont aujourd’hui, c’est parce que d’autres ont cru en eux. Ce sont les différentes rencontres de leur vie qui leur ont fait bifurquer de carrière, mais en gardant toujours leur passion en arrière-plan. Dans sa vingtaine Michel Pruvot devient Mike Davidson, il joue dans un groupe de rock’n’roll du clavier et de la guitare. Son accordéon, lui, prend de la poussière pendant 14 ans. Il se produit dans de nombreux bals et rencontre de grands artistes, comme Johnny Hallyday, mais ne perce pas pour autant. Avec l’arrivée des discothèques, les jeunes n’assistent plus à ses concerts et il se console sur son bon vieil instrument. Son père le pousse alors à rencontrer un vieil ami André Verchuren, un accordéoniste populaire qui a écoulé plus de 77 millions d’albums entre 1936 et 2013. La star le met en contact d’un producteur pour enregistrer son premier 33 tours. Par hasard, il fait un cover de ‘La danse des canards’ et signe directement son premier contrat. Mais il lui faut plus pour promouvoir son premier disque. Il est motivé à battre le record Guinness d’endurance à l’accordéon. À l’époque, il s’élevait à 62 heures de jeu. Michel, lui, fait plus de 177 heures d’affilée. Il devient le recordman du monde de l’accordéon. Sa performance le guide sur les plateaux télévisés des émissions ‘Incroyable, mais vrai’, et ‘La chance aux chansons’.

À la suite de ce moment de gloire il rentre en Picardie où il est invité à jouer lors d'un évènement organisé pour les cinquante ans des congés payés en 1986. Ce jour-là pas de bol, il pleut des cordes et les artistes programmés annulent leur prestation. Guy Lux, grand présentateur télé de l’époque, devait animer le spectacle et s’improvise chanteur devant le public de 5.000 personnes. Évidemment, sur le moment, il met le grappin sur le seul musicien qui reste, c’est-à-dire Michel. Et ensemble, ils font le show pendant plus d’une heure. Deux mois plus tard, l’animateur vedette lui propose d’accompagner à la télé le chanteur Bézu sur le célèbre titre ‘À la queuleuleu’ qui devient le générique de ‘La Classe’, le programme qui a vu défiler les plus grands humoristes français sur l’estrade du professeur Fabrice. L’accordéoniste enchaîne alors les prestations à la télévision jusqu’au jour où il produit sa propre émission sur France 3, intitulée ‘Sur un air d’accordéon’ qui battra tous les scores d’audimat, les samedis après-midi pendant dix ans.

La carrière de Philippe Saive a aussi changé du tout au tout grâce aux personnes qu’il a croisées sur son chemin. Les frères Saive sont invités à interagir lors d’un épisode de ‘Tour de Chance’ présenté par Philippe Luthers. Et sur le plateau télé, ils se lient d’amitié avec le roi de l’humour belge François Pirette. Ils ont l’idée alors de faire un sketch ensemble : un ping-pong humoristique où le comédien arbitre pendant que les frères s’affrontent à la table. Grâce à Pirette, le duo Saive fera la rencontre des frères Taloche. Ensemble, ils montent un spectacle : le ‘Showping’ qui se joue encore 25 ans plus tard. Leur prochaine représentation se fera en juin. Philippe Saive devient producteur et développe des aptitudes dans l’organisation d’évènements sportifs et humoristiques. Il dirige même le Festival du rire de Liège. En parallèle, il devient également un citoyen engagé pour le sport se lance sur la scène politique pour faire bouger les choses. On peut donc en conclure que nos deux convives, que tout séparait, se sont réinventés grâce à leur passion initiale pour la défendre auprès d’un large public.


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