Les théories de la série Netflix ‘Vatican Girl’ : qu’est-il arrivé à Emanuela Orlandi ?

Emanuela Orlandi vivait dans la Cité du Vatican, cet Etat indépendant complètement entouré par Rome où se trouve l’organe central de l’Eglise catholique. Le 22 juin 1983, la jeune fille de 15 ans se rend comme d’habitude en bus à l’école de musique de Rome pour ses cours de flûte. Elle y est arrivée en retard parce qu’on lui a proposé un job étudiant en cours de route en tant que représentante d’une société de cosmétiques, ont rapporté plusieurs témoins. Après son cours, elle avait prévu de retrouver sa sœur et quelques amis, mais elle n’est jamais arrivée au lieu de rendez-vous. Elle n’a jamais été retrouvée, et le cas mystérieux de sa disparition n’a toujours pas été élucidé à ce jour.

Le cinéaste Mark Lewis, qui ne se cache pas de son intérêt pour les sujets controversés voire morbides comme dans ‘Don’t F*** With Cats’, a décidé d’explorer les différentes théories autour de cette étrange disparition dans une mini-série en quatre parties. S’agit-il d’un crime organisé ? Les hauts fonctionnaires du Vatican sont-ils responsables ? Et quel est le rapport avec une attaque commise contre le Pape ?

Le rôle du Vatican

Pour beaucoup, la théorie selon laquelle le Vatican a bien plus à voir avec cette disparition qu’il ne veut bien l’admettre est sans doute la plus plausible. La série documentaire y consacre donc beaucoup de temps de son intrigue. Selon Pietro, le frère d’Emanuela, les hauts fonctionnaires du Vatican seraient les seuls à savoir réellement ce qui s’est passé. En 2012, un ancien prêtre du Vatican a déclaré que la jeune fille a été enlevée à des fins sexuelles avant d’être assassinée, et ce au vu et au su des ambassadeurs étrangers, selon le Huffington Post.

Même son de cloche d’un ami d’Emanuela, qui est persuadé que l’adolescente a été agressée par un proche du Pape. Une histoire que la disparue lui aurait confiée peu avant de se volatiliser… ‘Vatican Girl’ présente des preuves possibles d’un séjour d’Emanuela dans un monastère londonien pendant 14 ans. Le Vatican a été vivement critiqué pour ne pas avoir coopéré à l’enquête, mais des preuves concluantes n’ont pas pu être trouvées pour l’incriminer.

L’implication d’Avon Comestics

Selon une autre théorie moins plausible, Emanuela aurait simplement fugué de chez elle. Les premiers avis de recherche communiqués reprenaient le numéro de téléphone de la famille Orlandi pour obtenir toute information susceptible d’aider à la recherche de la disparue. Un certain Pierluigi a appelé trois jours après les faits pour rapporter avoir vu une fille qui ressemblait beaucoup à Emanuela, mais avec une autre coupe de cheveux, se tenant sur une place de Rome. Il a déclaré qu’elle vendait des produits Avon Cosmetics pour gagner sa vie. Et c’est justement la société qui a tenté de la démarcher, selon plusieurs témoins, quelques temps avant sa disparition.

Trois jours plus tard, la famille a reçu un appel d’un certain Maria. Gérant d’un bar sur la route reliant la Cité du Vatican à l’école de musique de Rome, il rapporte avoir rencontré une fille du nom de Barbara, qui raconte qu’elle a fugué de chez elle. S’agit-il d’une coïncidence ? Ou d’un moyen de détourner la famille d’une vraie piste ?

La piste des Loups gris

Une autre théorie est évoquée dans la série documentaire : celle selon laquelle Emanuela aurait été enlevée par un mouvement turc ultra-nationaliste et néo-fasciste, les Loups gris. Un membre de cette organisation, Mehmet Ali Agca, avait commis un attentat contre le pape Jean-Paul II en 1981 et était en prison depuis lors. Certains renseignements reçus par la famille Orlandi laisseraient penser qu’Emanuela a été enlevée afin de l’échanger contre la libération d’Agca. Agca lui-même l’a confirmé à la télévision publique italienne, affirmant qu’elle séjournait dans un couvent. Il est même allé plus loin encore, affirmant plus tard qu’une deuxième jeune fille avait été enlevée dans le même but par l’organisation.

Un juge d’instruction italien a également la conviction qu’Emanuela a été retenue captive quelque part en Europe centrale, mais il n’est jamais parvenu à réunir suffisamment de preuves. La question de savoir si les Loups gris ont réellement enlevé la jeune fille, ou s’ils ont profité de sa disparition pour négocier la libération d’un de leur membre reste donc un grand point d’interrogation.

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