Bette Davis : la légendaire insoumise d’Hollywood

Jeune,  Ruth Elizabeth Davis était fascinée par la comédie. Son rêve le plus cher : devenir actrice. C’est après avoir assisté à la représentation ‘La Cousine Bette’ d’Honoré de Balzac, qu’elle décide d’emprunter le nom de scène Bette, qui est aussi un parfait diminutif pour Elizabeth. Sous Bette Davis, elle parcourt les différentes compagnies de théâtre. Ses débuts sont difficiles sur les planches, mais à force de persévérance elle finit par gravir les échelons. Après de nombreux petits rôles insignifiants, elle commence à voler la vedette aux protagonistes des pièces. Elle atterrit à Broadway en 1929, l’année où un dénicheur de talents d’Universal Pictures finit par la remarquer pour le cinéma.

Immédiatement, son jeu est reconnu et elle signe un contrat avec la Warner. Pour percer dans le septième art, elle doit aussi faire preuve de patience. Elle accumule plus d’une vingtaine de films avant d’être saluée par la critique. Son heure de gloire arrive grâce à ‘L’Emprise’ en 1934 où elle incarne Mildred Rogers. Un rôle pestiféré par les autres actrices d’Hollywood du moment à cause de la personnalité antipathique du personnage. Bette, elle, y voit l’occasion de prouver à quel point elle peut être polyvalente en tant qu’actrice. Elle est enfin acclamée et reconnue à sa juste valeur. Pourtant, elle n’obtient aucune nomination aux oscars. Le journal The Hollywood Citizen lance une campagne pour lui donner une autre chance d’obtenir la statuette. Pour la seule et unique fois, l’Académie a permis au public de voter pour Bette Davis, même sans nomination officielle. Même si elle repart bredouille de la cérémonie, elle ne se démotive pas. Un an plus tard, elle prend sa revanche et repart avec la statuette de la meilleure actrice grâce au film ‘L’intruse’. 

Sa carrière est définitivement lancée. Elle enchaîne sans complexe les rôles à succès, même les plus détestables voire complètement aux antipodes de sa personnalité. Après que ses producteurs lui refusent de nombreuses propositions de films, elle est lassée de ne pas avoir la liberté de choisir. Elle claque la porte et part pour Londres. Jack Warner lui colle alors un procès. Malheureusement, elle n’obtient pas gain de cause. Elle lance pourtant le mouvement, et plusieurs actrices veulent se battre pour leurs droits face à leur maison de production. Finalement, Davis est gagnante car à la suite de ses tribulations en justice, la Warner lui accorde de meilleurs rôles. Elle était devenue tellement importante dans la société qu’on la surnommait officieusement le « quatrième frère Warner ». Elle devient également la première femme présidente de l’Académie des Oscars en 1941. Aux yeux de ses collègues, elle est beaucoup trop entreprenante et radicale. Elle démissionne rapidement quand elle se rend compte que personne ne la prend au sérieux. 

Alors qu’elle tourne ses rôles les plus marquants, elle est réputée pour être difficile à vivre en plateau, notamment après la perte tragique de son second époux en 1944. Elle préfère être en colère plutôt que triste et s’en prend à tout le monde. Plus personne ne veut travailler avec elle et sa notoriété en prend un coup. En 1945, elle se remarie et donne naissance à Barbara, son premier enfant. Afin de se concentrer sur sa vie de famille et sur son rôle de maman, Bette Davis met fin à ses engagements avec Warner Brothers. 

Son retour devant les caméras est difficile. Elle n’est plus sollicitée comme avant, jusqu’au moment où Joseph L. Mankiewicz y met son grain de sel et la pousse à jouer la merveilleuse Margo Channing dans ‘Eve’. Certains diront qu’il s’agit de son plus beau rôle au cinéma. Ce dernier lui a été attribué en dernière minute, après le désistement de Claudette Colbert. Le film est nominé dans quatorze catégories et remporte six oscars. Le reste de sa carrière est toujours aussi bancale, marqué par des hauts et des bas, mais elle reste l’une des figures immortelles de l’âge d’or d’Hollywood. Elle est devenue un exemple de ténacité féminine, se battant pour se faire entendre en tant que femme dans un milieu dirigé essentiellement par des hommes. Dans les moments orageux de sa vie, c’est toujours son audace qui lui a permis de relever la tête. L’éternelle insoumise est devenue une légende.