Les étoiles filantes : Mike Marsh, le légendaire ralenti

Sports | Le 5 août 1992, Mike Marsh aurait pu rentrer dans l'histoire. En demi-finale aux JO de Barcelone, il réalise l’un des plus grands 200 mètres de l’histoire. Pourtant, son regard se glace lorsqu'il découvre son chrono. Voici le récit d'un ralenti légendaire. 

De Pickx

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Mike Marsh vient d’Amérique. Mais précisons surtout qu’il est Californien. Né le 4 août 1967 au cœur de Golden State, le futur champion olympique est le fils d’un agent immobilier et d’une expert-comptable. Très jeune, il se met au sport, à l’athlétisme. Le petit Marsh court vite, très vite. Dès son jeune âge, il fait partie des meilleurs. Ses parents auraient déjà pu se douter qu’il était capable de réaliser de grandes choses.

Au milieu des meilleurs

Lorsqu’il débute sa carrière, Mike Marsh a de quoi être intimidé. Il grandit au milieu de grands noms, dans l’âge d’or du sprint américain. Ses acolytes d’entrainement sont membres du célèbre Santa Monica Track Club. On parle de Carl Lewis ou Leroy Burrell, deux grands recordmen du 100m. Mais le péché mignon de Mike, c’est le 200m. Son principal concurrent à l’époque, c’est Michael Johnson.

Dès ses débuts, Marsh enchaîne les compétitions. Mais il faut attendre 1984 pour assister à sa première participation aux Jeux Olympiques, à Los Angeles, en tant que bénévole. A l’époque, il est gardien de parking à Long Beach, où se déroulent les épreuves d’escrime et de volley-ball. Il se rapproche lentement, mais sûrement des pistes. Son heure ne viendra pas non plus quatre ans plus tard, à Séoul, où il obtient une place de remplaçant dans le relais US. Les Américains sont disqualifiés dès le premier tour. Il ne courra pas.

Trois ans plus tard, pour les Mondiaux de Tokyo, il bat le record des Championnats du monde en séries au 4x100m. Mais il ne sera pas en finale. Mike Marsh a 25 ans. Il prend alors la meilleure décision de sa carrière : il quitte la Californie pour le Texas, où le sprinteur met son destin entre les mains de Tom Tellez.

Le rendez-vous manqué

Tom Tellez va influencer le style de Marsh. Les deux hommes sont au sommet de leur forme en 1992, pour les Jeux Olympiques de Barcelone. Coup de bol pour Marsh, Michael Johnson se chope une intoxication alimentaire. Il ne sera pas de la partie. Vient la demi-finale. Mike Marsh se sent en forme. Il se tient prêt dans le couloir 5. Dès le coup de départ, il démarre comme une fusée. Il tient la cadence et négocie le virage avec perfection. Sur la ligne droite, il est devant tout le monde. Il le sent, il va gagner. Sa confiance l’amène à ménager son corps, et à relâcher l’effort sur les derniers mètres. Il termine premier, mais il vient de manquer le rendez-vous de sa vie.

Essoufflé, il lève les yeux vers le panneau d’affichage. Son temps y est indiqué : 19"73. Son regard se glace. Le record du monde est à 19"72 à l’époque. Marsh le sait, il aurait pu écrire l’histoire ce soir-là. Il vient de courir l’un des plus grands 200 mètres de l’histoire. Mais sans le savoir sur le moment, il échoue à un minuscule centième du record du monde.  "Pour être honnête, j’ai un peu fait ce chrono par accident…, explique-t-il à l’époque dans le Los Angeles Times. Je n’ai pas eu conscience de ce que je faisais. J’ai juste couru et, à l’arrivée, me suis dit : ‘Wow, qu’est-ce que tu as fait ?" Je ne regrette rien. J’ai simplement suivi les instructions de coach Tellez. C’était clair : si j’étais devant, j’étais censé ralentir pour en garder sous le pied pour la finale. Comment aurais-je pu savoir que j’étais en train de courir en 19"73 ? Je n’avais aucune idée de ma vitesse et du fait que j’allais aussi vite".

Il ne regrette rien, mais éprouve quand même quelques remords. "Des fois, quand même, je me surprends à y repenser et je me dis : ‘Mais pourquoi as-tu ralenti, imbécile ?’ C’est comme ça. C’est la vie." S’il avait eu une idée de son chrono sur le coup, il aurait probablement continué l’effort. Mais cela ne l’a pas empêché de disputer la finale plein de détermination. Cette année 1992, il devient Champion olympique du 200m, avec un chrono de 20"01. Il rentre dans l’histoire, même si elle lui a glissé entre les doigts lors de cette demi-finale. "J’ai travaillé des années pour ça et j’ai été récompensé, lance-t-il après la finale. Je n’ai pas couru aussi vite que je l’aurais aimé, mais j’ai décroché la médaille d’or et c’est le plus important. Après mes 19"73 de la demie, je me disais que je pourrais battre le record du monde aujourd’hui. Mais j’étais plus fatigué que je l’imaginais. Je m’en veux de ne pas avoir couru plus longtemps en demi-finale… mais les records vont et viennent. La médaille d’or, elle, est dans ma poche."

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