Comment adapter ‘Macbeth’ en thriller tout en restant fidèle à Shakespeare

Joel Coen a réalisé son tout premier film sans son frère Ethan. Le duo est à l'origine de succès populaires et de superproductions cinématographiques comme ‘Fargo’, ‘The Big Lebowski’, ‘Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme’, ‘Burn After Reading’ et ‘Inside Llewyn Davis’. Joel Coen a réalisé une nouvelle interprétation de l'épopée shakespearienne ‘Macbeth’ avec Denzel Washington et Frances McDormand (l'épouse du réalisateur) dans les rôles de Lord et Lady Macbeth. Les autres grands noms du casting sont Corey Hawkins, Brendan Gleeson, Stephen Root et Harry Melling.

L’histoire suit Macbeth, chef des armées, qui sort victorieux de la guerre qui fait rage dans tout le pays. Sur le retour, trois sorcières lui prédisent qu'il deviendra roi. Comme envoûtés par la prophétie, et poussé par son épouse Lady Macbeth, il élabore un plan machiavélique pour régner sur le trône, jusqu'à en perdre la raison.

Lors de sa sortie, la presse cinématographique a été très enthousiaste. Les performances des acteurs principaux sont à inscrire dans les livres d'histoire, tant ils ont été excellents. Le film se déroule entièrement en noir et blanc, avec ce que le New York Times appelle un "paysage désolant approprié, des ombres profondes et des espaces vides révélateurs".

Au départ, Joel Coen avait des doutes concernant le projet. Frances lui avait plusieurs fois proposé de réaliser cette adaptation, mais il avait peur de ne pas rester fidèle à l'œuvre originale de Shakespeare. En voyant comment son épouse incarnait Lady Macbeth sur les planches de théâtre, il s’est laissé convaincre par le projet d’en faire un film et s'est lancé dans son premier film en solo. 

Même si cette version est certes raccourcie, elle reste fidèle au texte original. Son style est épuré et laisse peu de place au contexte historique, Coen voulant éviter les grands déploiements d’action vus et revus dans les films grand public. Le vrai conflit reste dans l’esprit de Macbeth. 

Contrairement à l'œuvre originale, les personnages sont assez âgés que pour ne pas avoir de progéniture. La seule pression qu’il reste est celle de remporter la couronne. “Je pense que la distinction la plus importante est que c’est leur dernière chance pour atteindre la gloire”, explique Frances McDormand dans un entretien sur le site internet The Film Stage. 

“Cela impose une pression temporelle très spécifique aux personnages, mais aussi à la narration, ce qui, à mon avis, est le véritable point fort de l'adaptation réalisée par Joel”, ajoute-t-elle. “Il y a un véritable suspense et une véritable horloge qui tourne. Le temps s'écoule - non seulement pour les personnages, mais aussi pour la narration”.

Visionner ‘Macbeth’ au cinéma en ce moment est donc une belle manière de découvrir (à nouveau) Shakespeare. Le travail du son, les images sublimées par le contraste noir et blanc ou encore la tension palpable font du visionnage une expérience envoûtante.