Sepp Kuss, d’équipier modèle à vainqueur de la Vuelta
Ce dimanche, la dernière étape de la Vuelta mènera le peloton jusqu’à Madrid pour un tour d’honneur. Car il faudrait une improbable catastrophe pour que le classement général de cette édition 2023 du Tour d’Espagne change. Dans la capitale espagnole, l’Américain Sepp Kuss va pouvoir définitivement entériner sa victoire finale. Un sacre aussi inattendu que mérité pour un garçon habitué à jouer les porteurs d’eau aux deux monstres de son équipe, Primoz Roglic et Jonas Vingegaard.
Pourtant, au départ de cette Vuelta, personne ne l’attendait. Mais les circonstances de course et le changement de stratégie de l’équipe (qui signe un top 3 au classement général) ont permis au coureur de 29 ans de décrocher un premier sacre sur un grand tour.
Eternel équipier
Présent à la Jumbo depuis 2018, Sepp Kuss aura donc dû attendre 5 ans avec de vivre SON moment de gloire, celui qui le fait entrer dans l’histoire avec un grand H du cyclisme. Rien ne prédestinait l’Américain a remporté ce Tour d’Espagne, d’une part car il avait déjà roulé lors du Giro et du Tour de France et que, forcément, son état de forme posait question avec un tel enchainement, et d’autre part car il s’alignait en Espagne pour servir de lieutenant à Roglic et Vingegaard.
Sepp Kuss, c’est l’équipier modèle, le guide de haute montagne qui prend ses leaders par la main pour les conduire vers le succès, restant alors dans l’ombre. Sur les Vuelta 2019, 2020 et 2021, il aide Roglic a remporté autant de succès finaux. Sur le Giro 2023, c’est encore lui qui accompagne le Slovène vers la victoire. Quant aux Tours de France 2022 et 2023, il était là pour son équipier danois.
« Succès inattendu »
La présence conjointe de Roglic et Vingegaard a peut-être justement profité à Kuss. Lors de la 8e étape, il profite du statuquo entre les leaders et de la défaillance de Lenny Martinez pour prendre le maillot rouge. Tout le monde pense que c’est une bonne chose pour la Jumbo afin de retirer de la pression à Roglic et Vingegaard. Mais personne ne s’attendait à ce que Kuss le conserve jusqu’au bout.
« Kuss a toujours été là, il le mérite », souriait Roglic au soir de l’avant-dernière étape après que les trois Jumbo ait passé, côte à côte, la ligne d’arrivée. « Il faudra un certain temps pour que je réalise », exprime Sepp Kuss, pas encore capable de comprendre totalement ce qui lui arrive. « C'est un sentiment incroyable. C'était un énorme soulagement de franchir la ligne ici. Je savais qu'il était possible de finir cela, mais il faut bien passer toutes les étapes. J'ai beaucoup souffert, mais j'ai survécu à chaque fois. Ce Tour d'Espagne a été un succès inattendu pour moi. »
La carrière de l’Américain va-t-elle entrer dans une nouvelle dimension ? Pas certain. S’il reste à la Jumbo, son statut restera très certainement inférieur à celui tant du Slovène que du Danois. Car lors des derniers jours de la Vuelta, le sentiment était grand que Kuss aurait pu sombrer. Là où il peinait et s’arracher pour conserver son maillot, Roglic et Vingegaard roulaient avec le frein à main. « Je réalise ce qu'ils ont fait pour moi, ce qu'ils ont sacrifié sportivement pour m'aider. Ce n'est rien d'évident alors qu'ils font partie des meilleurs cyclistes du monde, quand on sait combien c'est difficile de gagner l'une des plus prestigieuses courses comme la Vuelta, et je les remercie vraiment pour ça », confiait-il à L’Equipe.
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